Xavier Durringer

S’il a ceci en commun avec certains politiques (Herman Van Rompuy, Jacques Chirac) de vénérer la forme brève des haïkus au point d’en écrire, pour ce réalisateur (La Nage indienne, J’irai au paradis car l’enfer est ici, La Conquête) et dramaturge joué dans le monde entier – vingt-cinq pièces à son actif – les politiques sont avant tout des acteurs, plus souvent au service d’eux-mêmes que d’une réelle idéologie : « On leur écrit des textes, on leur règle la lumière, le son, et ils sont applaudis. Le lendemain, des journalistes font des papiers sur eux, on les attend avec une voiture, on leur offre des fleurs, et ils recommencent… »

Constat sans appel : aujourd’hui, on est plus dans la Société du spectacle décrite par Guy Debord que dans le choc des grands systèmes de pensée du xxe siècle. C’est d’ailleurs ce que Durringer nous décrit très bien dans La Conquête lorsque Chirac, plutôt que de lui parler de l’héritage immobiliste de la pensée politique du petit père Queuille, met en garde Sarkozy à propos des publicitaires, sous la forme d’un presque haïku :
« Ils vendent du riz aux Chinois,
de la glace aux Esquimaux
et à toi des vessies pour des lanternes…
Et en plus, ils te piquent ta femme ! »